dimanche 15 octobre 2017

La Belle et la Meute

Réalisation : Kaouther Ben Hania
Titre original : Aala Kaf Ifrit
Sortie : 18 octobre 2017
Durée : 1h40
Acteurs principaux : Mariam Al Ferjani, Ghanem Zrelli, Nomane Hamda, Mohamed Akkari, ...
Genre : Policier, Drame
Nationalité : Tunisien, Français, Suédois, Norvégien, Libanais, Qatarien, Suisse
Librement adapté de Coupable d'avoir été violée de Meriem Ben Mohamed & Ava Djamshidi (éd. Michel Lafon)


4.25/5

Un film fort à caractère universel




Lors d'une fête étudiante, Mariam, jeune Tunisienne, croise le regard de Youssef. Quelques heures plus tard, Mariam erre dans la rue en état de choc. Commence pour elle une longue nuit durant laquelle elle va devoir lutter pour le respect de ses droits et de sa dignité. Mais comment peut-on obtenir justice quand celle-ci se trouve du côté des bourreaux ?





     Nous avons eu la chance de voir ce film en projection à Paris fin août grâce à Jour2Fête que nous remercions vivement. La Belle et la Meute est un film extrêmement fort et important à découvrir.


     Tiré d'une histoire vraie, le film raconte le combat de Mariam, jeune femme tunisienne, pour faire reconnaître son viol par la police et obtenir justice. On assiste alors, impuissants, à cette lutte pour ses droits. On se révolte avec le personnage face aux injustices dont elle est victime, aux difficultés qu'elle doit affronter en plus de son viol et du choc qu'il a causé. Le film dénonce cette société tunisienne qui ne vient pas en aide à la jeune femme, mais aussi plus généralement aux pratiques exercées dans nos sociétés modernes. En effet, de nombreux éléments du film peuvent être transposés à d'autres situations, dans d'autres pays, le rendant ainsi d'autant plus marquant. J'espère que le caractère universel du long métrage permettra d'éveiller les consciences.

©Jour2Fête
     La tension est omniprésente pendant toute la durée du film. On en vient à douter de l'issue du film, de l'honnêteté des personnages rencontrés. C'est Youssef, l'homme que Mariam a rencontré ce soir-là qui va tenter de la soutenir, de la convaincre de porter plainte et d'aller jusqu'au bout. On suit l'évolution de la jeune femme au fil de la procédure, de ses allées et venues entre l'hôpital et le poste de police. Malgré la peur et le choc, on va découvrir le courage et la ténacité dont elle va faire preuve face aux épreuves. Son parcours prendra parfois la tournure du cauchemar, notamment lorsqu'elle se retrouvera seule face à ses bourreaux.

     Mariam Al Ferjani est excellente dans son rôle. Elle est au cœur du film et retranscrit très bien les émotions de son personnage, à la fois forte et victime. Elle perce l'écran et donne de l'épaisseur à la jeune femme. Les autres acteurs, bien qu'au second plan, interprètent également avec beaucoup de réalisme leurs personnages.

©Jour2Fête
     Sur le plan technique, le film est très bien réalisé. Les plans-séquences et le fait de centrer l'image sur le personnage de Mariam nous fait oublier la caméra en nous plongeant directement aux côtés de la jeune femme. Le travail sur la couleur et la lumière est réfléchi pour chaque scène, notamment avec un jeu entre le jaune et le bleu, ce qui n'est pas sans faire écho à La Belle et la Bête, et où Mariam apparaît presque comme une super-héroïne en drapant un voile jaune autour de son cou.
     La musique elle aussi est bien travaillée et rappelle à certains moments l'aspect film d'horreur qui se dégage de l'histoire.


     En bref, La Belle et la Meute est un film extrêmement fort avec une grande portée. Assurément féministe, il permettra, je l'espère, d'éveiller les consciences face aux questions du viol, du droit à la justice ou à la dignité, et plus généralement des violences faites aux femmes. 
Une œuvre marquante, à découvrir !


Maëlle et Pauline

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